L’intégralité du discours de Issa Hayatou. Le congrès se poursuit à Addis-Abeba en Éthiopie.
Assemblée générale ordinaire de la CAF
Addis-Abeba, 16 mars 2017
– Excellence Monsieur le président de la République fédérale démocratique d’Ethiopie
– Excellence Monsieur le président de la Commission de l’Union Africaine
– Monsieur le président de la FIFA
– Excellences mesdames et messieurs les ambassadeurs accrédités auprès de l’Union Africaine
– Madame et messieurs les membres du Conseil de la FIFA
– Messieurs les membres du Comité Exécutif de la CAF
– Monsieur le président de la fédération éthiopienne de football
– Mesdames et messieurs les délégués à l’Assemblée Générale
– Chers partenaires commerciaux de la CAF
– Mesdames et messieurs les représentants des médias
– Distingués invités, en vos titres et rangs respectifs
– Mesdames etmessieurs
Qu’il me soit permis, avant toute chose, de remercier les autorités éthiopiennes, l’Union Africaine, et la fédération éthiopienne de football, qui nous accueille ce jour, pour l’accompagnement et les efforts consentis dans la réussite de cet évènement.
Quel honneur également pour la CAF, que d’avoir comme Invités d’Honneurs le Président de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie, ainsi que le Président de la Commission de l’Union Africaine.
Excellences, je vous remercie d’avoir accepté de rehausser de votre présence cette auguste Assemblée, et d’avoir accepté d’y prendre la parole.
Le choix d’Addis-Abeba pour célébrer les 60 ans de la CAF n’est pas fortuit. C’est la capitale de l’Afrique et de l’un des quatre membres fondateurs de la CAF.
Je ne peux continuer sans admirer également l’incroyable beauté, et la grandeur majestueuse de la salle ou se déroule cette 39ème Assemblée Générale, la salle Nelson Mandela. Ce nom évoque le sacrifice d’une vie pour l’abolition de toute ségrégation vis-à-vis des Noirs et spécifiquement des Africains.
Dans cette salle, dirigeants et chefs d’Etat africains se retrouvent régulièrement pour délibérer et prendre des décisions pour le développement de notre cher continent. Nous sommes appelés ce jour à faire de même pour le développement de notre football.
Comme les pères fondateurs de l’OUA, ou encore nos devanciers à la présidence de la CAF, nous ne transigerons jamais quand il s’agit de l’émancipation, de l’indépendance, de l’émergence et du respect dus à l’Afrique et aux Africains.
L’avenir du football africain doit se décider par des Africains, vous les membres de l’Assemblée générale, dans l’intérêt de l’Afrique.
Pour nous, cet intérêt demeure une Coupe d’Afrique des Nations qui se dispute tous les deux ans, à une période adéquate climatiquement, dans un format qui permet à plusieurs pays de pouvoir prétendre à son organisation.
Nous invitons les dirigeants africains à ne jamais dévier de la voie tracée par tous les pionniers de la mouvance panafricaine, dont je salue la mémoire ici.
Singulièrement celle de mes prédécesseurs à la présidence de la CAF : Abdelaziz Salem, Mohamed Abdelaziz Mostafa, Mohamed Abdel Halim et Ydnekatchew Tessema.
Tous les quatre sont passés à la postérité comme ayant été de ceux qui, les premiers, ont mis au ban des nations l’Afrique du Sud pour la politique ségrégationniste qui y était pratiquée.
En effet, en février 1957, la CAF, quelques heures après la signature de son acte de naissance, a été la première organisation sportive à exclure l’Afrique du Sud, pourtant un de ses membres fondateurs avec l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan. La FIFA ou le CIO ne l’avait même pas envisagé.
C’est encore l’Afrique, des années plus tard, sous le leadership de Tessema, qui amènera la FIFA à codifier, dans ses statuts, l’exclusion de l’Afrique du Sud, tant que celle-ci ne pouvait présenter une équipe multiraciale.
En 1965, l’Afrique décida du boycott des éliminatoires de la Coupe du Monde 1966. A cette époque, La FIFA réservait une seule place en phase finale à l’Afrique, l’Asie et l’Océanie. Ce boycott aura pour conséquence immédiate, l’allocation d’une place directe à l’Afrique dès la Coupe du monde de 1970 au Mexique.
C’est donc toujours avec fierté que l’Afrique s’est projetée sur l’échiquier du football mondial, sûre de son bon droit. Sans compromissions, elle a su conclure des alliances quand cela s’imposait pour améliorer sa représentativité.
Ce fut le cas avec Lennhart Johansson, président de l’UEFA, quand il a fallu négocier cinq places pour l’Afrique en phase finale de Coupe du Monde à partir de 1998.
Nous sommes fondés à penser aujourd’hui que, dans une formule élargie d’une Coupe du Monde à 48, dix représentants pour l’Afrique est une attente en adéquation avec le niveau de développement de notre football, et ce que notre continent représente au sein de la FIFA. Avec votre soutien, vous les membres, nous sommes confiants d’atteindre cet objectif.
Bien plus, l’Afrique mérite aussi de voir augmenter son nombre de représentants en phase finale des compétitions masculines de catégories d’âge de la FIFA. La domination de l’Afrique y est évidente. Lors des six dernières éditions de la Coupe du Monde des moins de 20 ans, le bilan de l’Afrique est le suivant : 1 titre, 1 finale, 4 demi-finales, 2 quarts de finale et 10 huitièmes de finale.
En moins de 17 ans pour les 5 dernières éditions on enregistre : 3 titres, 2 finales, 1 demi-finale, 1 quart de finale et 6 huitièmes de finale.
Nous avons porté le débat au niveau du Conseil de la FIFA, et nous nous investirons, comme nous l’avons toujours fait, afin que cette injustice faite à l’Afrique soit réparée. Ceci induira, à coup sûr, une révision du format des compétitions de jeunes en Afrique.
Nous avons également introduit au Conseil de la FIFA, le débat sur la fermeture de deux bureaux de développement de la FIFA en Afrique.
La CAF est la seule confédération qui a vu son nombre de bureaux réduits. On est passé de quatre bureaux à deux.
Une décision dont on peine toujours à comprendre le bien-fondé, malgré le fait que la CAF compte 54 associations membres, et bientôt 55.
Pourtant, l’impact des différents programmes de développement, soutenus par les bureaux régionaux de la FIFA, est indéniable dans la transformation de nos associations membres et les résultats évoqués plus haut.
Pour avoir présidé la Commission de développement et la Commission des finances à la FIFA, je saisis cette occasion pour réitérer un fait. L’Afrique n’a jamais bénéficié, et ne bénéficie pas, d’une sorte de plan Marshall.
Les financements alloués dans le cadre des projets de développement sont identiques pour toutes les associations membres de la FIFA, indépendamment du continent.
Excellences, Distingués invités, mesdames et messieurs
La CAF a inauguré depuis le 1er janvier 2017 un nouveau cycle de commercialisation de ses compétitions.
Le précédent cycle, le premier du genre pour le football africain, entre 2008 et 2016, avec un minimum garanti de 150 millions de dollars, a permis de redistribuer des sommes substantielles aux clubs et associations membres.
Il a également permis à la CAF de mieux se projeter vers l’avenir. Mais surtout de s’assurer une poursuite sereine de ses compétitions et activités même avec des conjonctures peu favorables.
Désormais, avec un minimum garanti de un milliard de dollars américains sur douze ans, nous avons plus de moyens pour poursuivre la transformation de notre football.
Cet argent n’est pas à redistribuer aux individus. Mais bien à investir dans l’épanouissement de la jeunesse du continent. En créant des conditions pour qu’elle ne soit pas encline à s’expatrier pour vivre de sa passion.
C’est une des raisons majeures qui a poussé la CAF à créer le Championnat d’Afrique des Nations, compétition unique au monde, réservé exclusivement aux joueurs évoluant dans le championnat de leur pays. La dernière édition au Rwanda a montré au monde le niveau technique, tactique et physique des joueurs Africains formés sur le continent.
Nous nous devons également d’accroître notre apport dans le soutien à nos Etats qui consentent des sacrifices énormes et multiformes pour le développement du football en Afrique. Qu’on se le tienne pour dit : sans les gouvernements, impossible d’évoquer le développement du football en Afrique. C’est la réalité de notre continent.
J’en profite pour remercier tous ces chefs d’Etat et de gouvernement qui, depuis 60 ans, ont accompagné la CAF et l’émergence du football en Afrique, et qui continuent à le faire.
Leur implication est décisive dans la capacité que nous avons à tenir à date et dans des conditions optimales la dizaine de compétitions que nous organisons désormais.
Ce n’est pas une sinécure de tenir ce calendrier. Mais nous pouvons nous appuyer sur des administrations qui se professionnalisent, un personnel outillé et dévoué, tant au niveau des fédérations, que de la Confédération. Je salue toutes ces personnes pour les sacrifices qu’elles consentent au quotidien.
Le chemin parcouru pour en arriver là est considérable.
Le gâteau, il est permanemment en partage. Mais en faveur des associations membres et des clubs. Sur les douze années à venir, L’essentiel de nos recettes ira aux primes reversées aux clubs engagés dans nos compétitions. Toutes ces primes connaissent déjà, depuis le début de cette année, des hausses en valeur relative, qui, dans la plupart des cas, vont au-delà des 200%.
Une mise à jour du «Contrat avec l’Afrique», notre programme de développement en direction des associations membres, est aussi en cours.
Après l’extension et l’ouverture officielle du Centre d’Excellence de la CAF à Mbankomo au Cameroun en mai 2014, nous entendons rendre fonctionnels celui d’Addis-Abeba sous peu.
Des infrastructures qui occupent un rôle central dans notre politique de formation pour les entraîneurs, arbitres, médecins et les différents acteurs.
Quelles que soient les décisions prises par cette Assemblée Générale aujourd’hui, la CAF devra poursuivre son évolution positive et s’appuyer sur ses forces vives afin que le football puisse continuer à prospérer.
Pour cela, il est important de maintenir les principes de bonne gouvernance qui sont si chers à la CAF. Pour preuve, en dehors de la publication habituelle de nos bilans financiers audités, nous vous soumettons aujourd’hui une nouvelle mouture des statuts de la CAF.
Cette mouture met en avant des réformes concrètes, qui visent à renforcer la démocratie, la séparation des pouvoirs, l’indépendance et la professionnalisation du football Africain.
Ces propositions, sont le fruit du travail effectué par la commission des réformes composée majoritairement de nos chers présidents de fédérations, dont notamment le Botswana, le Cap-Vert, l’Algérie, le Sénégal ou encore la Tanzanie.
A tous les candidats qui, aujourd’hui, prendront part aux diverses élections prévues, je vous souhaite bonne chance. Et surtout beaucoup de fair-play, pour ceux dont l’issue n’aura pas été favorable.
Les vaincus d’aujourd’hui peuvent être les vainqueurs de demain. La force de la Confédération Africaine de Football réside dans son unité et sa cohésion et elle doit le demeurer.
En tant que Président de la CAF, qui possède aujourd’hui une expérience et une sagesse inégaléeS, je vous exhorte, quelque soit votre décision, à faire le choix de l’Unité, le choix de la Solidarité, le choix de la Raison. Le choix qui permettra à l’Afrique de rester solide et de peser de tout son poids au niveau du football mondial.
Vive le football africain !
Célébrons l’Afrique !
Caf Média
• Journaliste reporter sportif (Africain), ayant participé à la 31è édition de la Coupe d'Afrique des Nations de football 2017 au Gabon (CAN TOTAL GABON 2017).